Histoire
Histoire
La préhistoire et la protohistoire sont généralement associées aux remarquables cercles mégalithiques de Sénégambie et aux amas coquilliers artificiels (Île de Fadiouth). La découverte de différents objets atteste d’une présence humaine dans l’actuel Sénégal à l’époque préhistorique :
- Des bifaces taillés du paléolithique retrouvés dans la presqu’île du Cap-Vert
- Des racloirs et hachereaux mis au jour vers Rufisque ou au Sénégal Oriental
Durant la période néolithique, une population importante de pêcheurs et de commerçants habitait le long de l’espace côtier, comme le prouvent les céramiques et outils élaborés retrouvés dans le marigot de Khant, situé à l’embouchure du Saloum.
Par ailleurs, des recherches archéologiques ont permis de retrouver des traces humaines datant du 1er millénaire avant notre ère, entre la région au centre du pays et la Gambie, à travers des tombeaux en forme de tumulus et des cercles mégalithiques. C’est également à cette période que la métallurgie s’installe.
Les sociétés humaines se développent et s’organisent petit à petit, jusqu’à l’émergence progressive des premiers royaumes, que l’on situe à partir du VIIème siècle.
L’ethnie des Toucouleurs est à l’origine de la création du Royaume de Namandirou, autrement appelé Royaume du Tekrour, puis du Royaume du Djolof (affilié à l’Empire du Ghana) qui fut le plus grand et le plus influent territoire au XIVème siècle, incluant le Baol, le Fouladou, le Fouta-Toro, le Royaume du Sine Saloum, le Cayor, le Waalo, l’Etat du Kaabuet et le Bambouk.
Le Royaume du Djolof fut fondé au XIIIème siècle dans la région du fleuve Sénégal par Ndiadiane Ndiaye, alors premier bourba (« roi ») et unissait les différentes populations apparentées à l’ethnie wolof. Il devint par la suite le Royaume du Oualo, coïncidant avec la mort de son dernier empereur, Lélé Fouli Fak, en 1549.
Par la suite, l’ancien Djolof fut annexé à l’Empire du Mali, puis, plus tard, au XIXème siècle, il fut le dernier territoire (alors réduit au centre du pays) à être colonisé par les Français, avec l’exil de son roi Alboury Ndiaye.
Carte de la Sénégambie de 1707 par Guillaume Delisle
L’Histoire du Sénégal est indissociable de la progression de l’Islam dans cette partie de l’Afrique. Cette religion est d’abord propagée pacifiquement, du VIIIème au IXème siècle, par le commerce des arabo-berbères avec l’ethnie des Toucouleurs, lesquels diffusèrent l’Islam sur le territoire.
Puis, au Xème siècle, c’est par la force, par le Djihad que se fait l’islamisation. Les tribus berbères Almoravides obligeant, avec l’aide des Toucouleurs, les ethnies peul, mandingue, wolof ou sérère à se convertir ou à quitter le Tekrour et migrer.
Durant plusieurs siècles, l’Islam connaîtra une progression constante, jusqu’au XIXème siècle où il se généralise aux différentes populations formant l’actuel Sénégal. Le XIXème siècle représente une période clé, marquée par la chute des différents royaumes, la colonisation progressive des territoires. Dans ce contexte, l’Islam, à travers l’intervention pacifique de grands marabouts, Cheikh Malick Sy de la confrérie tidjaniya et Cheikh Ahmadou Bamba de la confrérie mouride, devient un rempart social et identitaire.
Cheikh Ahmadou Bamba | Cheikh Malick Sy |
Les premiers comptoirs coloniaux débutent au XVème siècle lorsque Cadamostro (navigateur vénitien) découvre le territoire (entre 1454 et 1456), pour le compte du Royaume du Portugal. Commence alors le commerce triangulaire avec les Amériques. Les Hollandais, les Français et les Anglais prendront également part à la traite négrière.
Le XVIIème siècle voit la Compagnie Normande installer le premier comptoir à l’embouchure du fleuve qui sera nommé Saint-Louis en hommage au Roi Soleil. S’ensuivent plusieurs tentatives d’invasions des Anglais. Les mariages métis donnent naissance aux « signares », enrichies par les dots et cadeaux de départ des Français, qui s’investissent dans un secteur bien particulier : la déportation d’esclaves.
Échangés contre des chevaux, des étoffes, des armes, les esclaves sont embarqués dans des cargaisons aux conditions inhumaines, où les taux de mortalité atteignent souvent les 60%. Des Africains de l’aristocratie ou métis, soucieux de profiter des bénéfices de ce commerce, prennent également part au trafic. Au total, selon plusieurs estimations, 10 millions d’esclaves auraient été déportés en 70 ans. L’Ile de Gorée conserve plusieurs traces de cette période, et propose à la visite sa Maison des Esclaves.
La Maison des Esclaves sur l’Île de Gorée
En 1817, la France reprend le Sénégal aux Anglais. Le gouvernement tente d’établir une colonie agricole qui produit coton et indigo, mais le projet échoue du fait de taxes et coutumes de tribus mauresques installées sur une rive du Sénégal.
Louis Faidherbe est alors envoyé comme gouverneur de la colonie. Il parvient à supprimer ces coutumes et réhabilite plusieurs forts le long du fleuve (Dagana, Podor, …). Mais El Hadj Omar Tall se met en travers de sa route. Khalife de la confrérie des Tidjianes, il lutte notamment contre l’armée coloniale française, jusqu’à son décès en 1864. Faidherbe impose ensuite le protectorat français sur la région du fleuve et tente de construire une ligne de chemin de fer reliant Gorée à Saint-Louis pour le transport des arachides. Il s’affronte avec Lat Dior Diop qui décède en 1886 lors d’un combat contre les troupes de Faidherbe. Les Anglais parviennent à conserver la Gambie et les Portugais échangent la Casamance contre des terres en Guinée-Bissau.
Sous la Troisième République, les quatre communes de Dakar, Saint-Louis, Gorée et Rufisque voient leur statut renforcé, les habitants devenant des citoyens français et non plus des indigènes.
En 1885, se tient la conférence de Berlin, où les grandes puissances coloniales se partagent ni plus ni moins l’Afrique en incluant tous les territoires intérieurs. C’est également à cette même date qu’est créée l’Afrique Occidentale Française (A.O.F.). En 1902, Dakar devient la capitale de l’A.O.F. après la ville de Saint-Louis.
En 1915, le premier homme noir à devenir député est Blaise Diagne. Il défend l’égalité des races. C’est lui qui s’occupe du recrutement des tirailleurs sénégalais, dont 30 000 sur 133 000 reviendront au pays. D’autres tirailleurs sont envoyés à la rescousse durant la Seconde Guerre Mondiale. En 1946, l’Assemblée Nationale vote la loi Lamine Gueye qui étend la citoyenneté française aux indigènes des colonies françaises. La même année l’Ivoirien Félix Houphouët Boigny obtient l’abolition du travail forcé dans les colonies. L’Union Française remplace l’Empire Français, et les colonies deviennent des « départements et territoires d’Outre-mer ».
Les mouvements d’indépendance dans les colonies françaises s’affirment au milieu du XXème siècle et c’est en janvier 1959 que le Sénégal fusionne avec le Soudan français (aujourd’hui le Mali) donnant naissance à la Fédération du Mali, qui devient indépendante le 20 juin 1960, suite aux accords signés avec la France le 4 avril 1960 (date retenue pour l’indépendance du Sénégal).
Lat Dior Diop | Louis Faidherbe |
Le Sénégal quitte la Fédération du Mali le 20 août 1960 et proclame officiellement son accession à l’Indépendance.
A ce jour, le pays a vu se succéder cinq Présidents de la République, Léopold Sédar Senghor, Abdou Diouf, Abdoulaye Wade, Macky Sall et aujourd’hui Bassirou Diomaye Faye.
En Afrique, le Sénégal reste un modèle de stabilité et de transition démocratique pacifique avec un respect de la liberté et de l’indépendance des médias remarquable.